Date : 2 et 3 mai 2019
Assurer la soutenabilité de la production bâtie et de ses usages s’impose avec plus d’urgence que jamais, à la suite des alarmes émises ces derniers mois concernant l’avenir de la planète et de la mobilisation de nombreux citoyens, jeunes et moins jeunes, en faveur de la transition écologique.
Depuis 2015 et l’Agenda 2030 de l’ONU, la protection et la préservation du patrimoine culturel comptent au nombre des moyens privilégiés pour « faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables » (objectif 11).
La préservation du patrimoine bâti présente plusieurs bénéfices, notamment la rentabilisation accrue de l’énergie dépensée à construire les édifices et les ensembles existants, l’économie d’énergie réalisée en évitant leur démolition et leur remplacement par de nouveaux, la préservation des ressources naturelles entrant dans la fabrication des matériaux et des systèmes techniques que nécessiterait l’érection de ces derniers et la limitation de l’étalement urbain.
Cependant, le patrimoine moderne est bien différent du patrimoine ancien : les édifices qui le composent mettent généralement en œuvre des matériaux et des dispositifs techniques nouveaux dont la durabilité est restreinte (l’invention du mur-rideau dans les années 1950 tablait sur une durée de vie limitée à une trentaine d’années) ; de plus, leur fonctionnement et leur confort dépendant généralement de systèmes mécaniques (ascenseurs et escaliers roulants, système de conditionnement d’air), ils présentent une faible survie passive ; finalement, ils ne suscitent pas le même attachement (le patrimoine moderne est mal aimé du public, de même que de bien des professionnels de la conservation, l’architecture moderne étant toujours largement associée à la destruction de la ville historique).
La sauvegarde du patrimoine moderne présente un défi pour la doctrine de la conservation. La faible durabilité technique et fonctionnelle de nombre de ses composantes a conduit à mettre en question son principe cardinal, l’exigence d’authenticité matérielle qui, depuis la Charte de Venise de 1964, prévalait (en 1996, Docomomo International promut l’authenticité conceptuelle). Depuis peu, alors que la restauration des icônes de l’architecture moderne constitue un acquis et que la sauvegarde de l’architecture moderne « ordinaire » est devenue un enjeu pour des raisons culturelles et de développement durable, de nouveaux ajustements s’imposent.
Cette journée d’étude s’adresse aux architectes, aux étudiants et aux enseignants en architecture et en conservation du patrimoine bâti, aux gestionnaires publics et privés et aux maîtres d’ouvrage qui auront à faire face aux défis posés par la conservation du patrimoine architectural moderne dans une perspective de développement durable.